un peu de Buenos Aires et de Transatlantique
29 juin 2010
L'arrivée à Buenos Aires marque le début de la fin. Plus vraiment envie de profiter de la ville, surtout quand on se penche sur la longue liste de choses qu'on a à y faire, et qu'on ne fera sans doute pas. Pour commencer, notre bateau de retour, prévu à l'origine le 30 juin, est retardé au 4 juillet, puis finalement au 7. Alors après 3 jours à dormir dans la rue (dans un quartier chic et calme c'est vrai), à courir les magasins, à réparer l'ordi de Mariane tombé en panne, à bricoler un peu Bill (lui changer ce pare-brise fendu, lui chercher des amortos de nouveau...), à se faire piquer clés et cartes de crédits dans le métro (grâce à l'aide d'un “gentil” français qui détourne l'attention de Nico en discutant), donc à fracturer Bill nous même pour entrer, puis à faire remplacer le carreau cassé, la clé volée... donc après tout ça et quelques rapides visites dans le froid et sous un ciel couvert, on décide de filer au vert, à Tigre, 30km dans le delta du même nom. Là, on trouve un camping occupé par une famille de français, les « pari-paname »copains providentiels pour les enfants et les grands, et on parcoure les canaux sur les « taxis-lanchas » pour récupérer un peu.
Vient le moment du départ, on retourne à notre « camping » citadin de Puerto Madero, on tombe sur les « vadrouille-en-combi » avec qui on passe la soirée, et on embarque le lendemain matin sur le Repubblica Argentina, cargo transporteur d'autos, en route vers l'Europe!
Après 24 heures passées dans le bateau sur le port (pendant déchargement puis chargement), on quitte enfin Buenos Aires, par un magnifique jour ensoleillé, sur le Rio de La Plata. Cette fois, nos journées sur les routes d'Amérique du Sud sont derrière nous. Vagues à l'âme...
A bord, le rythme s'installe vite. Les repas pantagruéliques à 8h, midi, 18h, balades sur le pont, lectures et vidéos, un peu de boulot sur l'ordi, blog à finir et CVs à préparer!
Mais la préoccupation principale reste à savoir comment éliminer les énormes quantités de nourriture qu'on nous sert; et qu'on ne refuse pas! Pavillon italien, Capitaine italien et donc cuistot italien, ça veut dire typiquement Pasta (deux fois plus que ce qui nous fait un repas complet normal!), puis Poisson, puis Viande et accompagnement, et un fruit pour faire glisser. Le tout bien gras, on va doubler de volume pendant cette traversée!!! Alors on fait... du sport! Surtout sous la forme de vélo d'appartement, malheureusement dans une salle borgne et glauque, mais faut se dépenser un peu sous peine de couler!
Première escale à Paranagua, au Brésil. Déchargement de quantités de VW et d'Audi venant d'Allemagne, chargement de Fiat et de Peugeot vers Rio et l'Europe. On descend déambuler devant les maisons coloniales décrépies de centre-ville qui borde le rio.
Escale suivante, Santos, toujours au Brésil (le port de Sao Paulo). Là on nous déconseille de descendre: le centre est loin, et la sécurité moyenne aux alentours du port. On assiste donc aux manœuvres des grues et des convois de véhicules. On quitte ce port gigantesque sous la pluie tropicale.
Rio est le prochain arrêt, on a hâte d'y arriver pour pouvoir enfin visiter cette ville mythique, le Corcovado, Copacabana, le Pao de Azucar, Ipanema... Dommage, on arrive en pleine nuit, et la fin des manœuvres est prévue pour 11h... pas le temps de se rendre en ville... comme de toute façon il pleut, on ne manque pas grand chose, sauf la vue parait-il grandiose depuis le milieu de la fameuse baie. On tient là une raison de plus pour revenir en Amérique du Sud!
Et nous voilà partis face au vent, vers... Dakar! 7 jours de traversée prévue, qui commencent par du vent fort et une mer formée! Maintenant on en est sûrs, ces bateaux ne sont pas aussi stables qu'on le pensait! Ca bouge dans tous les sens, ça tangue et ça roule, ça gite sous l'effet du vent qui pousse l'immense coque de 200m de long et de 50m de haut. On réduit nos passages à la salle-de-gym-qui-rend-malade et on profite du spectacle de centaines de baleines tout autour de nous pour ce premier jour de pleine mer... qui aurait cru qu'il pouvait y en avoir autant?!
Il faudra 3 jours pour retrouver un calme relatif à bord, pour arrêter de se faire projeter contre les murs juste pour un petit vent de 40 nœuds et des creux de 3-4 mètres... on n'espère pas rencontrer une tempête!
18 juillet 2010
Le calme est revenu, et pour célébrer le passage de l'équateur, le capitaine fait organiser une petite fête à laquelle les 9 passagers, les officiers (italiens et philippins) et l'équipage (philippins) participent: barbecue géant pour 36 personnes (viande succulente, Hugo l'Argentin se peaufine ses morceaux!) et karaoké tandis qu'on passe dans l'hémisphère nord sans s'en rendre compte.
Les jours passent, le temps est beau et il fait bien chaud sur le pont, le Ro-Ro (Roll in - Roll out) file 20 nœuds (800km par jour environ) avec ces 3000 véhicules embarqués, en consommant à peine 65 tonnes de carburant par jour!
Après 7 jours de mer, on arrive à Dakar. Impression étonnante que de penser qu'on est « déjà » sur un autre continent... la terre est donc si petite? Non bien sûr, mais changer de continent sans monter dans un avion paraît presque insensé... et l'échelle de temps qui est la nôtre depuis le début de ce voyage change également la donne: que sont 7 petits jours à patienter confortablement?
Accostage tardif, il ne nous reste qu'une demi-journée pour flâner dans la ville, qui a le grand avantage d'être accessible à pied depuis le port. Sans oublier le passage des policiers et douaniers venus contrôler le bateau, arrivés avec un grand sac vide, repartis avec un sac bien lourd et bien plein (ceux qui avaient oublié leur sac, calent carrément sous leurs bras les caisses de canettes « offertes »)... Les allemands Joaquim et Utte nous accompagnent, Herman, le mari de cette dernière préfère rester dans le bateau à surveiller son camping-car, vu les allers et venues tout autour du bateau de gens qui ne sont pas forcément « invités ». Hugo Argentino, un peu tendu à l'idée de marcher dans cette ville africaine, décline au dernier moment. Le dernier passager de la liste, Emiliano, Suiso-Argentin, n'est pas vraiment intéressé et reste aussi à bord.
Couleurs, odeurs, sons, cohue, désorganisation apparente... l'Afrique telle qu'on l'imagine: quel charme! On fait un tour dans le marché, on continue vers la Place de l'Indépendance... le marché est quasiment partout, et tout le monde a quelque chose à vendre. Comme dans certains quartiers d'Amérique Latine, on peut acheter vraiment tout dans la rue! Sur l'asphalte, les bus colorés , déglingués et remplis à craquer ajoutent encore au spectacle qu'offre à eux seuls les habitants de Dakar, dans leurs tenues chamarrées.
Pendant que Nico et les enfants jouent et papotent (avec les vendeurs ambulants surtout!) sur la place, Mariane et Utte, continue vers le Palais Présidentiel, et profitent de la vue sur la mer...
Le lendemain matin, nous quittons ce port un peu magique, contournons la magnifique ile de Gorée, au si lourd passé (point de départ des esclaves vers l'Amérique en son temps), et filons plein nord...
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Et aussi: 4 ans au milieu de l'Atlantique pour Zoé!!